L’écriture inclusive constitue un ensemble de règles et de pratiques qui visent à éliminer la discrimination entre les genres féminin et masculin. Cette dernière est perçue comme forcée puisque établie depuis des siècles dans notre communication écrite ou orale. Alors, quelles sont les grandes règles de l’écriture inclusive ? Est-ce que cette pratique peut avoir un impact positif au niveau marketing ? Et quid du référencement naturel dans tout ça ? On vous explique !
A quand remonte la création de l’écriture inclusive ?
Encore en 2021, l’écriture inclusive fait débat. Débat d’ailleurs relancé en février suite au dépôt d’un projet de loi visant à interdire l’utilisation de l’écriture inclusive dans des documents administratifs. Toute cette récente effervescence nous ferait facilement penser que le sujet date d’il y a peu. Eh bien, pas du tout. Cette question était déjà soulevée dès le début du courant féministe dans les années 70. Les questionnements se sont ensuite renforcés dans les années 80 avec notamment avec la déclaration en 1984 de l’Académie Française proposant une féminisation des noms de métiers et de l’usage du masculin dans un contexte neutre sans discrimination.
Le thème se développe et finit par être le sujet principal de plusieurs ouvrages dont par exemple Au féminin: guide de féminisation des titres de fonction et des textes rédigé par Monique Biron en 1991, ou Avoir bon genre à l’écrit : le guide de rédaction épicène publié en 2006 par Pierrette Vachon-L’Heureux et Louise Guénette. Ah oui, parce qu’on ne vous l’a pas encore dit mais l’écriture inclusive possède en plus plusieurs noms :
- Rédaction épicène
- Langage neutre
- Rédaction non sexiste
- Langage dégenré
- Ecriture égalitaire
Mais laissons de côté l’histoire et les débats pour rentrer dans le vif du sujet, l’écriture inclusive en pratique, ça donne quoi ?
L’écriture inclusive, comment ça marche ?
La base du langage dégenré est de proposer un style d’écriture qui permet d’obtenir une neutralité de tous les termes qui, d’ordinaire, peuvent se masculiniser ou se féminiser. Comme le précise Eliane Viennot : « La langue française possède à peu près tout ce qu’il faut pour exprimer le féminin, et qu’il est bien plutôt question de réduire la place écrasante qu’occupe aujourd’hui le masculin dans ses usages courants ». L’Objectif, c’est donc bien d’atteindre la parité homme /femme, même dans le langage, exit le vieil adage «le masculin l’emporte sur le féminin !
Tiret, point du milieu, nom neutre… Dans notre langue française, l’écriture inclusive prend plusieurs formes :
- La féminisation des noms de fonction : un auteur ou une autrice, un agent ou une agente
- Le changement des expressions courantes pour une version plus neutre comme « droits humains » ou « droit de l’Humain » à la place de « droits de l’Homme »
- La création de pronoms qui mixent les genres féminin et masculin comme par exemple « Toustes », contraction de tous et de toutes
- Le rajout de caractères pour être plus inclusif avec au choix le point médian (ou du milieu), le tiret ou l’apostrophe : lecteur·rice, lecteur.ice, lecteur’ice, lecteur-ice
- La double flexion : les camionneurs et les camionneuses, elles et ils partent en vacances (dans l’ordre alphabétique), les femmes et les hommes se réunissent…
- L’épicène, c’est-à-dire employer des tournures qui ne demandent pas de genre : être membre du groupe, l’équipe en place…
Voilà pour les bases. Si vous voulez travailler le sujet en profondeur, allez jeter un coup d’œil au guide pratique pour une communication publique sans stéréotype de sexe du HCE (Haut Conseil à l’Egalité).
Ecriture inclusive, quels avantages pour le marketing et la communication ?
Le marketing, la communication, la pub sont des domaine qui surfent sur les tendances de leur temps puisque, par essence, leur vocation est de séduire les populations. Disciplines mouvantes, elles s’adaptent toujours aux évolutions des comportements d’achat et aux goûts des consommateurs. Donc si l’écriture inclusive est LA tendance, les communicants doivent prendre très au sérieux cette nouvelle pratique.
Néanmoins, pour les marques et les entreprises, on ne va pas vous mentir, le langage dégenré présente des avantages comme des inconvénients…
Avantages de l’écriture inclusive
De par les débats qu’elle engendre, l’utilisation de l’écriture inclusive dispense un message fort auprès de votre audience. Elle positionne immédiatement une marque comme ayant un esprit novateur et engagé pour faire bouger les mentalités. D’ailleurs, cette remarque vaut aussi bien en interne qu’à l’externe. Prendre le parti de la rédaction non sexiste montre également que l’entreprise œuvre en faveur de la parité homme/femme et combat les inégalités. Un bon point pour diffuser un message impliquant et fidéliser son personnel.
Bien que l’éducation nationale rejette l’inclusion du langage dégenré, l’écriture inclusive tient aussi une place importante dans le cœur des jeunes populations. C’est donc un avantage également pour conquérir de nouvelles cibles et rajeunir une image de marque.
Inconvénients de l’écriture inclusive
Reparlons de l’éducation nationale un instant car elle ne rejette quand-même pas l’écriture inclusive en bloc. Elle est en faveur de la féminisation des noms de métier et de fonction ainsi que de l’usage de la double flexion. Cependant, elle met en avant que l’écriture égalitaire complexifie l’apprentissage de la langue française, notamment au niveau des règles de grammaire , de syntaxe ou de la lecture à haute voix. Sans prendre part à ce débat, il faut tout de même relever que l’écriture inclusive peut sembler parfois illisible et semer la confusion chez le lecteur ou la lectrice.
Autre souci pour les personnes handicapées, les logiciels de synthèse vocale ne sont pas encore adaptés. Le contenu lu à voix haute est difficilement compréhensible lorsqu’il s’agit d’énoncer des mots avec le point médian, le tiret ou l’apostrophe. Ces 2 inconvénients ont un impact direct pour les communicants qui cherchent à faire passer des messages impactants et surtout à les rendre accessibles au plus grand nombre. Cependant, rien ne les empêche d’utiliser l’épicène ou la double flexion pour contrecarrer ce problème. Cette gymnastique du langage demande du temps de travail supplémentaire, c’est certain….
Attention à la technique ! Les adresses URL qui contiennent des points médians peuvent parfois être mal interprétées par les CMS et générer des problèmes de redirection.
Comment gérer l’écriture inclusive pour le digital ?
Si vous possédez un site internet, vous savez que l’une des clés pour se faire connaître et remonter en première page des résultats de recherches, c’est le SEO, autrement appelé référencement naturel. Or, à ce jour, personne ne sait si les moteurs de recherche tiennent réellement compte des mots clés qui sont écrits selon les règles de l’écriture inclusive… Mais…
… On sait aussi que l’algorithme de Google est suffisamment intelligent pour ne pas prendre en compte qu’un seul mot mais bien l’intégralité du champ lexical d’une page web pour en comprendre le sens. C’est rassurant !
Autre question primordiale, est-ce que les internautes tapent vraiment dans la barre recherche des mots issus du langage dégenré ? Clairement, après plusieurs tests, on peut vous dire que non, l’usage ne s’est pas encore démocratisé. Conclusion : rien qu’avec ces 2 arguments, on peut déjà pressentir que l’utilisation de l’écriture inclusive risque sans doute de vous faire perdre un peu d’audience. Pas de panique, il existe des solutions.
SEO : Quelles solutions pour utiliser l’écriture inclusive sur le web ?
Premier conseil, si vous voulez pratiquer l’écriture inclusive dans vos textes, il faut éviter de l’utiliser pour vos balises titres, là où l’on place généralement les mots clés primaires. On voit de temps en temps apparaître dans les moteurs de recherche des titres d’article qui sont au format de l’écriture égalitaire, ce qui laisse à penser que nous sommes en bonne voie. Mais pour le moment, c’est encore trop tôt.
Pour le corps du texte, préférez le point médian à l’apostrophe ou au tiret. Google le comprend mieux et l’interprète simplement comme un espace. Misez aussi sur des termes génériques, « équipe », par exemple plutôt que « équipiers » ou des doubles flexions « les moniteurs et monitrices » ou encore plus simple au singulier « la et le moniteur » ou « le et la monitrice ». Utilisez l’impératif (pour éviter les accords) et des tournures de phrase généralistes : « Vous êtes consultant ou consultante SEO ? » à remplacer par « Vous travaillez dans le SEO ? ».
Vous allez nous dire que vous risquez d’alourdir votre contenu avec toutes ces règles (comme dans cet exemple de la SNCF) et en plus nuire à l’expérience utilisateur. Les lecteurs devront en effet faire des efforts pour « déchiffrer » votre texte. C’est sans doute pour cela que les rédacteurs et rédactrices fuient encore majoritairement l’écriture inclusive… Cependant, bonne nouvelle des études menées par des scientifiques ont montré que la double flexion gène la lecture pendant les 5 premières minutes ensuite, tout rentre dans l’ordre, le cerveau s’habitue.
Alors, l’écriture inclusive, on y va ou pas ?
Comme nous venons de le voir, il existe des moyens de contourner les lourdeurs de l’écriture inclusive. Vous pouvez d’ailleurs aussi jouer sur des visuels inspirants niveau parité et prendre soin de les intégrer dans vos communications et vos pages web. Au final, la question porte surtout sur votre propre positionnement. Par rapport à votre cible, votre lectorat, vos clients, est-ce que mettre en avant l’écriture inclusive peut s’avérer un élément fort et différenciant ? Niveau culture d’entreprise, est-ce que le langage dégenré est une donnée importante de votre politique sociale ?
Nous vous laissons répondre à ces questions et prendre votre décision.